mardi 17 avril 2012

La Dernière Image par Gani Jakupi

A – Présentation de la bande dessinée
Juin 1999.
À la fin du conflit au Kosovo, un magazine propose à Gani Jakupi – qui résidait alors en Espagne – de s’y rendre accompagné par un photographe, afin d’y faire un reportage sur son retour au pays. Une occasion inespérée pour lui de revoir ses proches.
Mais si son objectivité vis à vis de son pays natal sera constamment mise à l’épreuve, sa subjectivité, elle, maintiendra tous ses sens en éveil. N’étant pas journaliste professionnel (il n’a exercé que pendant quelques années), il a le double avantage de pouvoir observer le milieu de l’information à la fois de l’intérieur, et de l’extérieur.
Un pan de ce livre s’intéresse ainsi aux reporters-photographes. Si on est informés par les mots, ce sont les images qui modèlent nos sentiments. Elles ont le pouvoir de changer le cours de l’Histoire. Certains journalistes s’en servent en respectant une éthique pointue, et d’autres non.
Gani découvrira qu’il est justement escorté par un photographe avide de sensationnalisme.

Ce livre contient un dossier complémentaire incluant photos, manuscrits, interviews de journalistes et photographes.


88 pages couleurs
Format : 201 x 283 cm
Prix de vente : 17,95 €

Quelques planches...

Disponible sur :




B – Entretien avec l'auteur

La Dernière Image est un titre qui intrigue. Quelle est-elle à vos yeux ?
La « dernière », l’image ultime, c’est le Saint Graal de tout reporter- photographe. C’est celle qui vaincra la résistance du public blasé, qui a tout vu et ne s’émerveille, ni ne s’émeut plus de grand-chose. Pour certains, c’est la photo la plus choquante, la plus inquiétante ; pour d’autres, celle
qui résume en un cliché tout un événement, un destin, un phénomène.


Ce livre raconte un fragment de votre vie, pourtant, il y a comme une retenue, une pudeur de votre part. Était-ce conscient ou inconscient au moment de sa réalisation ?
Plus que conscient, c’était même obsessionnel ! Je ne souhaitais pas raconter ma vie. Le protagoniste, c’est mon expérience, pas moi. Et le danger de s’oublier est constant, justement
parce que ce vécu est fait de moments bouleversants, ça remue, ça ramène à la mémoire des souvenirs qui impliquent mon regard subjectif. Je ne le nie pas, ça serait de la mauvaise foi, mais j’ai essayé d’être le plus honnête possible et de ne pas perdre de vue le véritable sujet de mon histoire : le moyen de recueillir et de traiter l’information dans cette situation vraiment particulière qu’est une après-guerre. Il y a beaucoup d’objectifs (c’est le cas de le dire !), d’intentions et de principes qui entrent en jeu, et parfois aussi en conflit. J’ai voulu rendre hommage à ceux qui prennent sur eux pour qu’on ne soit pas innocents de ce qui se passe dans le monde, et signaler des pratiques qui ne font pas honneur à la profession. Je trouve péjoratif de dire d’une œuvre qu’elle est sans prétention (si elle l’était, je ne perdrais pas mon temps avec), mais c’est évident que mon expérience s’enrichirait si elle était contrastée par d’autres. En attendant, La Dernière Image est là, et elle a des choses à raconter.


Question ardue... Qu’aimeriez-vous que les lecteurs retiennent de votre livre ?
Si les lecteurs prennent conscience de la difficulté que représente le fait d’aller chercher l’information… et d’en revenir indemne (!), je serai amplement satisfait.


Parmi les grandes rencontres que vous avez pu faire – Raymond Depardon,
Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Helmut Newton... – quelle a été la plus forte, et pourquoi ?

Il y a beaucoup de photographes qui m’ont impressionné, et m’ont positivement marqué.
Certaines de ces rencontres sont racontées dans la BD, ou dans le dossier qui la complète. Mais comment en choisir un, entre celui qui consacre tout son art à aider, à secourir, à faire connaître des vérités que le marché tente d’oblitérer ; l’autre qui transforme un événement dramatique
de sa vie en inspiration pour son travail ; ou encore celui qui développe un esthétisme sublime sans qu’elle parasite la qualité de son information, et cela tout en restant une personne humble et aimable ?... Ce qu’ils ont en commun, c’est une intégrité non négociable.

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